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Julia Reda, Députée au Parlement européen) : "Le logiciel Propriétaire menace la Démocratie"

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Julia Reda a clos la QtCon, en donnant une conférence à destination de la communauté du logiciel libre, concernant notamment les Logiciels Libres dans le secteur Public européen.

Mme Reda, membre du Parlement européen pour le Parti Pirate, a expliqué comment le logiciel propriétaire, qui interdit notamment aux utilisateurs de l’étudier et le modifier, a souvent laissé les régulateurs dans l’obscurité, devenant souvent une obligation et une menace pour le bien-être et la santé des citoyens.

Un exemple qui le démontre, dit-elle, est le récent scandale du Dieselgate, dans lequel les constructeurs de voitures ont installé un logiciel qui trompait les instruments de mesures des particules de fumées dans les environnements de test, alors que les voitures, une fois sur la route, dispersaient des quantités hors normes d'échappements toxiques dans l’atmosphère..

Mme Reda a également expliqué comment des dispositifs médicaux exécutant du logiciel propriétaire ont posé un risque pour la santé pour des patients. Elle a ainsi cité l’exemple d’une femme avec un stimulateur cardiaque qui s’est effondrée alors qu’elle montait un escalier en raison d’une défaillance dans son dispositif. Médecins et techniciens n’avaient aucun moyen de diagnostiquer et corriger le problème, car ils n’avaient pas accès au code.

Les logiciels avec licence restrictive sont une menace en soit mais ils sont également très préoccupant pour la démocratie elle-même. La tendance à vouloir substituer les bulletins de vote traditionnels avec des machines à voter est particulièrement inquiétante, et pour cause, comme ces machines ne sont pas considérées comme une menace pour la sécurité nationale, leurs logiciels ne seront, dans la plupart des cas, pas vérifiés car non auditables.

Et, bien que les machines à voter sont construites et programmées par des sociétés privées, elles sont commandées par des entités publiques et payées avec de l’argent public, argent provenant des impôts des citoyens. Cependant, il n'y a aucun règlement universel émanant de l'Union européenne pour forcer des entreprises, voire des entités publiques, à rendre le code source disponible aux citoyens qui l'ont payé, a déclaré Mme Reda.

En outre, elle a fait remarquer que, bien que les Logiciels Libres (serveurs web, CMS, serveurs de messagerie électronique, etc) sont largement utilisés dans l’ensemble des administrations publiques, le secteur public assume très peu de responsabilité dans le processus de retour vers la communauté via les correctifs ou même les rapports des bogues.

Mme Reda dit que la solution à cette triste situation se situe sur plusieurs fronts. Elle a félicité la Free Software Foundation Europe pour ses travaux préconisant que tous les logiciels commandés par des entités publiques et payés avec l’argent public soient sous licences libres et mis à la disposition de tous. Elle a également souligné que, pour faire adhérer les gouvernants aux Logiciels Libres, il est indispensable de leur démontrer le bien-fondé de ce principe.

C'est seulement ainsi, dit-elle, qu'il est possible de pousser le législateur à réglementer de manière cohérente les technologies libres.